Adaptation du texte d’Evelyne PIEILLER
Monologue sur fond noir, écrit comme un tango, rythmé par les pas de joueurs de billard de l’arrière salle d’un bar, les cris effrénés d’une mouette, ou encore le cliquetis de talons aiguille sur le bitume est la suite de ce travail d’approfondissement autour du monde du Tango et de l’Argentine.
L’EQUIPE
Robert Bianchi, Tom Jallet, Isabelle Bianchi, Emmanuel Brouallier, Lise Pereira, Philippe Jallet, Camille Gonzalez, Frédéric Giroudon
L’HISTOIRE
« Dans la lumière de la bougie, vous êtes aussi secrète, Madame, qu’une lettre qu’on aurait perdue. »
Dans un petit bar (de Buenos-Aires peut-être, ou Montevideo, ou ailleurs, là-bas !), un homme, en quête d’amour ou d’amitiés, vient déverser ses souvenirs au rythme d’un tango.
Il se raconte à la serveuse du bar, si semblable à sa mère, cette danseuse de tango belle et mystérieuse.
Au fond du bar, une étrange salle de billard… et les sons des pas des joueurs.
A l’extérieur, un brasero, à l’image d’une histoire douloureuse de l’argentine et ses nombreux disparus, une musique au loin, parfois tango, une mouette, une passante…
« Il a été effacé, le camarade. Effacé. Peut-être que nous sommes les derniers survivants. Que tout autour de nous a disparu, englouti par le blanc. »
L’AUTEUR
Evelyne Pieiller, Membre de la rédaction du Monde Diplomatique et de la Quinzaine Littéraire, est l’auteur de nombreux romans (éd : Gallimard, Maurice Nadeau et Plume…), de traductions (éd : L’Arche) et pièces de Théâtre (éd : Christian Bourgois), toutes jouées nationalement et internationalement (Allemagne, Portugal, Belgique).
Elle a également collaboré au cinéma (scénario) avec Marco Ferreri (Y’a bon les Blancs), Emilio Pacull, Valeria Sarmiento, etc…
PASSÉ / PRÉSENT
ou comment mêler jeu d’acteur et de musicien à des projections d’images dessinées ?
Quand les fantômes du souvenir s’immiscent dans la réalité du présent :
Le temps est suspendu au récit d’un homme dont on ne connaît rien si ce n’est son statut de « fils de danseuse de tango de lupanar ». Il lutte avec ses souvenirs d’enfance, il restitue les sons et les images de son passé, sa mère, sa « reine » d’alors et ses amants.
« Elle dansait. Ce n’était pas très loin d‘ici, vous savez ça ? Il y a quoi, quinze ans. Vingt ans. Trente ans, peut-être bien. Quel âge vous me donneriez, Madame ? J’ai du mal à comprendre qu’aujourd’hui, je suis plus vieux que ma mère quand elle dansait. »
Parfois, le passé et l’ailleurs ressurgissent au milieu des mots et des notes de musique, sous la forme d’une bande dessinée en noir et blanc dont les planches sont projetées en arrière-plan.
La musique sera tango, ou rythmes ou sons, à l’écoute du jeu, et réciproquement.
Tel le vagabond de Charlie Chaplin, le protagoniste de « L’ombre des reines » s’amuse avec pudeur de ses propres peines. On retrouve dans le monologue d’Evelyne Pieiller, cette émotion, cette fragilité digne des « Lumières de la ville ». C’est un combat entre le passé et le présent d’un homme, une lutte contre le souvenir. Il veut rire des fantômes, ces tangos qui trottent dans sa tête.
Les souffrances de l’Argentine racontées dans le tango sont présentes dans le texte, à travers les souffrances du protagoniste.
« Vous avez oublié mon eau minérale, Madame, même le gosier sec et même sans vous, je parlerai. Je parlerai au miroir d’en face. J’ai l’habitude. Un tout petit peu douteux, le miroir. Comme le sol, d’ailleurs. Des mégots, des papiers, et je passe le reste. C’est relâché chez vous, Madame. »
Conception graphique : JALOU STUDIO / Photos : Rémy PERRIN