de Gisèle Bianchi, d’après un recueil de contes d’Italo Calvino
L’équipe :
Gisèle Bianchi, Patrice Lattanzi, Robert bianchi, Martine Gautier, Emmanuel Brouallier, Ghislaine Ducerf, Pascal Essertel, Camille Gonzalez, Didier Pourrat et Isabelle Bianchi.
Affiche : Didier Pourrat
Sur un fond de truculente « comédie-spaghetti », une expédition dans l’univers cocasse, déjanté et fantasmagorique des contes populaires italiens, un monde dont Italo Calvino dit qu’il est « d’une telle richesse, d’un tel jeu de clins d’œil entre le réel et l’irréel qu’il n’a rien à envier aux traditions légendaires plus célèbres des pays germaniques, nordiques et slaves. »
Les Personnages :
Stefano, italien, intarissable et chauvin
Irène, pragmatique et débordée
Un livreur sachant livrer avec bonhomie
La nonna, qui ne rate pas une occasion de s’engouffrer dans l’irréel
Et aussi
Quelques rois excentriques
Une paysanne charismatique
Jésus et son éternel souffre-douleur, Saint Pierre
Une étrange sorcière
Une gamine effrontée
Un ivrogne pourfendeur de monstres…
Photos : Vincent Jolfre
« L’idée, c’est-à-dire l’imagination, est le gouvernail et la bride des sens, dans la mesure où c’est la chose imaginée qui met le sens en branle. » Léonard de Vinci
Les contes italiens au service de la comédie
Avant d’écrire « la chemise de l’homme content », je me suis plongée dans l’énorme recueil en 4 volumes des contes populaires italiens, retranscrits et réunis par Italo Calvino au début des années 50. Le titre de la pièce est directement emprunté à l’un d’entre eux.
Lorsqu’il est question de contes traditionnels, on pense à des histoires venues du Nord, des pays slaves ou arabes, de l’Orient des Milles et une nuits…
On connaît bien peu les contes italiens, et pourtant… La tradition orale de ce pays nous a laissé des histoires étonnantes, d’une variété infinie, qui semblent avoir puisé leur richesse dans tous les coins du monde. Leur plus grande particularité réside dans le fait qu’elles empruntent largement et sans ménagement à la religion catholique.
Tout ceci représente un joyeux mélange : On y côtoie des sorcières cruelles ou espiègles et de jeunes paysannes pauvres mais futées, des rois dont les palais sont si proches qu’ils pourraient presque converser d’un donjon à l’autre, des princesses de conte de fée au pays des Mille et une nuits… Parfois, au lieu de l’ogre, c’est le diable qui est à redouter ; les fées cèdent alors la place aux anges ; des personnages totalement profanes côtoient Saint Antoine ou Saint Joseph ; Jésus et Saint Pierre constituent un duo burlesque, digne de Laurel et Hardy… Magie et outrance sont omniprésentes, et si ces contes sont souvent empreints d’une grande violence, celle-ci n’est pas sans rappeler les dessins animés de Tex Avery.
« …ce fond de merveilleux populaire italien est d’une telle richesse, d’une limpidité, d’un chatoiement, d’un jeu de clins d’œil entre le réel et l’irréel tels qu’il n’a rien à envier aux traditions légendaires plus célèbres des pays germaniques, nordiques et slaves. » Italo Calvino
Ces contes présentent aussi bien un intérêt poétique qu’ethnographique et social.
Ils expriment cet imaginaire intarissable d’un peuple parmi les plus divers qui soient.
Le texte joue à mélanger les langues française et italienne, avec le souci constant que tout puisse être compris par tous.
Il Joue sur la limite entre le théâtre et la vie, s’amuse de la confusion qui en résulte.
Les personnages sont dans l’excès, les situations dans le débordement…
Il n’était pas question de réaliser un spectacle de contes, mais bien de puiser dans cette inestimable réserve d’histoires afin d’en extirper la matière principale d’une pièce écrite dans l’esprit de la comédie italienne, privilégiant la truculence, l’humour et la satire sociale, tout en accordant une place de choix à la magie et à la fantasmagorie.
Gisèle Bianchi, Juin 2007
Résumé
Nous sommes dans un drôle de café qui a quelque chose d’une taverne, d’un estaminet… le principal espace de vie des protagonistes.
Stefano est italien, installé en France pour être avec Irène ; il demeure cependant très nostalgique de son pays, et ne fait aucun effort pour apprendre à parler correctement la langue française. Il ne se tait pas pour autant : pour lui, tout est prétexte à raconter des histoires, dans une langue bien à lui, mélange d’italien, de vrai français et d’un charabia de son cru.
Cette éternelle insouciance exaspère Irène, qui garde les pieds sur terre et un œil sur les comptes. Bien que toujours sensible aux sérénades, elle se doit de faire « marcher la boutique ».
Leur divergence de caractère est cause de bien des chamailleries, qui agacent la « nonna », la mère de Stefano. La vieille dame, lorsqu’elle ne ronchonne pas, s’évade en de fantastiques incursions au cœur de son imaginaire…
Un 4ème personnage, un livreur débonnaire et joueur, s’attarde volontiers et intervient avec pertinence dans ce petit monde.
Et puis il y a Saint Antoine et Jésus, un drôle de bonhomme tout couvert d’algues, une sorcière espiègle et une gamine effrontée, et aussi un vieux grimoire…
Les personnages de contes ont une fâcheuse tendance à faire intrusion dans le réel, par la magie du théâtre, faite de petits riens… les limites entre la « vraie vie » et le monde de l’imaginaire se fondent et se confondent.
Quelques extraits de presse :
…un drôle de ramdam linguistique et gestuel, une comédie étourdissante……ce dernier spectacle de la Tarlatane vaut son pesant d’humour et de fantasmagorie. Un rire gourmand. (Gillette Duroure – le Progrès St-Etienne )
« La chemise de l’homme content » : une représentation sans pli.…Le résultat est à la hauteur du projet : impressionnant. …Le public en redemande. Il est vrai qu’avec cette chemise-là, il était impossible de se prendre une veste. (Mathieu Lambert – Le Progrès de l’Ondaine)
Photos : Henri-Jacques Bourgeat